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Sécurité routière : rouler tue (un peu) moins
||09 février 2018, 10h30|
LE PARISIEN WEEK-END. Un rapport du 1er février annonce 45 morts de moins sur la route en 2017. Bien, mais insuffisant selon les associations de prévention et le gouvernement, qui entend poursuivre les réformes.
«Un mort de moins, c’est formidable pour la famille qui n’a pas perdu de proche», se réjouit Dominique-Michel Courtois, président de la Fédération nationale des victimes de la route. Selon le dernier rapport de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), publié le 1er février, les routes de France ont fait 21 morts de moins l’an passé si l’on compare à l’année 2016 (45 au total en comptant les départements d’outre-mer). Une première depuis quatre ans.
Après avoir atteint un niveau historiquement bas en 2013, le pays a ensuite connu trois années noires, une situation inédite depuis 1972. Le dernier bilan annuel a marqué la fin symbolique de cette série funeste. «Ces chiffres sont donc encourageants, mais ils sont à relativiser et nous ne pouvons pas nous en satisfaire», ajoute Dominique-Michel Courtois.
Une longue liste de mesures
D’abord parce que ce ne sont que des prévisions et que les chiffres définitifs ne seront publiés qu’en juin. Et surtout parce que les accidents de la route ont, malgré tout, encore tué 3 693 personnes en 2017. «Ce qui nous inquiète, c’est qu’en parallèle de cette relative baisse du nombre de morts, le nombre d’accidents et de blessés reste, lui, en forte hausse de 2,4 %, soit 1 372 accidents corporels de plus qu’en 2016», précise Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention routière.
«En réalité, explique Me Eric de Caumont, avocat ardent défenseur des conducteurs contrevenants depuis plusieurs années, les chiffres de la sécurité routière stagnent, et nous n’arrivons plus, en France, à faire significativement baisser le nombre de morts ni de blessés sur nos routes. C’est le résultat de notre politique idiote du tout-répressif qui atteint aujourd’hui ses limites.»
De nombreux arguments confortent cette théorie, vivement portée par les militants antiradar et les opposants à l’abaissement des limitations de vitesse. D’après eux, la baisse globale de la mortalité l’année dernière serait essentiellement liée à un bon mois de décembre : les automobilistes auraient moins pris leur voiture à cause des conditions météo.
«En 2016, nous avons surtout battu le record de 27 millions de procès-verbaux distribués en France (+11,7 %), ajoute Eric de Caumont. La politique du tout répressif est donc avant tout celle de la “pompe à fric”.» Raccourci facile et de mauvaise foi, rétorquent les associations, ou encore Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la Sécurité routière, rattaché au ministère de l’Intérieur : «Même relatif, cet enrayement de la mortalité de 0,6 % en métropole, et 1,2 % si l’on prend en compte l’Outre-Mer, est justement le signe que tout ce qui a été mis en oeuvre depuis des années porte ses fruits et endigue enfin la hausse du nombre de tués alors même qu’on roule de plus en plus en France.»
Et la liste des mesures est longue : zéro alcool au volant pour les jeunes conducteurs, obligation pour les entreprises de révéler l’identité de leurs salariés contrevenants lorsqu’ils utilisent une voiture de société, installation d’éthylotests antidémarrage pour les conducteurs contrôlés en état d’ébriété... «Toutes ces mesures n’ont pas rempli les caisses de l’Etat mais sauvé très concrètement des vies !» ajoute Emmanuel Barbe.
La piste du zéro alcool pour tous
Alors, comment continuer à faire baisser la mortalité routière ? Le passage à 80 km/h sur les routes sans séparateur central, annoncé début janvier par le Premier ministre, «permettra de sauver entre 350 et 400 vies chaque année», poursuit Emmanuel Barbe.
Il faut aussi renforcer les opérations de prévention dans les écoles, auprès des seniors, des entreprises ou des jeunes conducteurs. «Nous souhaitons que les éthylotests antidémarrage équipent à l’avenir tous les véhicules de série, propose Anne Lavaud. Autre mesure : que les passages piétons soient dotés de lignes de stop et de zébras. Et nous lançons le label Ville prudente pour inciter les citoyens et les communes à s’engager dans les actions de prévention et de conduite responsable» Le passage au zéro alcool pour tous, ou la création d’une brigade de la route davantage pédagogue que répressive, sont aussi des pistes avancées par les associations.
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