Le blog d'une journaliste et chroniqueuse spécialiste des sujets de société ou liés à l'économie, la politique, la consommation, les faits de société et la police justice.
La pièce Paix en or labellisé Fairmined a été frappée à l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918. Monnaie de Paris
LE
PARISIEN WEEK-END. La Monnaie de Paris vient de frapper 600 pièces en
or équitable, issu d’une coopérative colombienne responsable. Une
tendance suivie aussi dans la joaillerie.
Rutilante.
La première pièce en or jaune équitable produite par la Monnaie de
Paris pèse 7,78 grammes, affiche un diamètre de 22 millimètres et est
vendue à 585 euros (pour une valeur faciale de 50 euros) ! Qu’importe,
les collectionneurs s’arrachent déjà ce petit bijou émis à seulement 600
exemplaires et vendu depuis le 14 mai.
« Nous sommes la plus
vieille entreprise du monde, la plus ancienne institution publique de
France et la dernière usine en activité à Paris, souligne Aurélien
Rousseau, président directeur général de la Monnaie de Paris. Frapper
l’une des rares pièces en or éthique de la planète, c’est un véritable
engagement, pas un coup de pub. »
Seule la Banque centrale du
Luxembourg avait déjà édité une pièce en or labellisé « équitable » en
2014, à l’occasion du 175e anniversaire de l’indépendance de son
grand-duché. « Nous souhaitons soutenir le développement et la notoriété
du label Fairmined, ajoute Aurélien Rousseau.
Certes, c’est une
première et nous n’avons acheté que 6 kilos d’or équitable à la
coopérative colombienne de Iquira, qui produit ce métal dans une mine
artisanale en adoptant une politique sociale et environnementale
responsable (cet or équitable Fairmined est vendu environ 20 % plus cher
que l’or “classique”, NDLR). Mais nous sommes convaincus que nous
devons montrer l’exemple pour signifier que l’or n’est plus si précieux
s’il n’est pas éthique. »
La Palme d’or est équitable
«
Ces pièces sont des objets de collection, explique Violaine d’Astorg,
l’une des directrices de la maison d’enchères Christie’s France. Rares,
elles devraient se vendre très rapidement, puisqu’elles sont les
premières en France à être certifiées Fairmined. Historique ! Elles vont
très certainement prendre de la valeur. Mais elles soutiennent surtout
une noble cause. Je crois que l’or éthique est désormais très recherché
par les collectionneurs, mais aussi par les marques et les consommateurs
du luxe, partout dans le monde. »
Ainsi, de grands joailliers
comme Cartier s’approvisionnent déjà en or certifié responsable pour
fabriquer une part importante de leurs bijoux. Chopard réalise aussi chaque année, depuis 2013, la palme d’or du Festival de Cannes
avec de l’or Fairmined, tandis que la Maison de la monnaie norvégienne
l’utilise pour façonner, depuis 2015, la médaille du prix Nobel de la
paix.
« Ces initiatives sont capitales, car ce label offre aux
mineurs, jusque-là peu considérés, des conditions de travail et
d’extraction plus sûres et plus équitables, commente Yves Bertran,
directeur exécutif de Alliance for Responsible Mining (ARM, ou «
Alliance pour une mine responsable »), qui a créé le label Fairmined en
2010.
Qu’une institution publique telle que la Monnaie de Paris
s’engage directement auprès de mines artisanales et responsables est un
signal très fort, directement envoyé par la France au reste du monde,
sur la nécessité de prendre en compte la nature des ressources que l’on
utilise. » Selon l’ARM, plus de 100 millions de personnes dépendent
aujourd’hui, pour gagner leur vie, de l’activité minière artisanale et à
petite échelle.
Symbole de paix
La
pièce équitable de la Monnaie de la Paris a été baptisée Paix et rend
hommage au centenaire de la fin de la première guerre mondiale. Côté
pile comme côté face, on y voit un Poilu lâcher des colombes. « C’est un
message international, universel, ajoute Aurélien Rousseau. Et pour la
coopérative de 200 personnes qui nous a vendu cet or, c’est aussi le
signe que, avec ce genre de production équitable, il est possible de
reconstruire des écoles, des villages, des circuits d’eau potable. »
La
Monnaie de Paris achète déjà depuis plusieurs années plus de 600 kilos
d’or « traçable » par an, c’est-à-dire dont on connaît précisément la
provenance. L’institution entend s’engager durablement avec le label
Fairmined et renouveler, pourquoi pas chaque année, la frappe de pièces
précieuses... et éthiques.